Quelle combinaison de langues ?
Thread poster: Milena Taddei (X)
Milena Taddei (X)
Milena Taddei (X)
France
Local time: 22:09
French to Italian
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Jun 30, 2021

Bonjour,

j'aimerais votre avis sur la combinaison de langues que je vais pouvoir proposer si je me lance dans mon projet de reconversion dans le monde de la traduction.

Voici mon problème. Je suis italienne, mais j'habite en France depuis 9 ans. Si l'italien est ma langue maternelle, le français est ma langue de vie (vie personnelle, travail, etc.), celle que j'utilise inconsciemment quand je me fais mal et je jure à voix haute par exemple.

Lors d'un éc
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Bonjour,

j'aimerais votre avis sur la combinaison de langues que je vais pouvoir proposer si je me lance dans mon projet de reconversion dans le monde de la traduction.

Voici mon problème. Je suis italienne, mais j'habite en France depuis 9 ans. Si l'italien est ma langue maternelle, le français est ma langue de vie (vie personnelle, travail, etc.), celle que j'utilise inconsciemment quand je me fais mal et je jure à voix haute par exemple.

Lors d'un échange avec une traductrice que j'ai contactée pour avoir plus de renseignements sur le métier de traducteur, j'ai appris que normalement la langue cible est toujours sa langue maternelle. À votre avis peut-il y avoir des exceptions à cette règle ?

Je vous remercie d'avance,
Milena
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Jean Dimitriadis
Jean Dimitriadis  Identity Verified
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Éléments de réponse Jul 1, 2021

Bonjour Milena,

Bienvenue dans le monde de la traduction.

Pour vous fournir quelques éléments de réponse, je vais surtout m’appuyer sur deux ouvrages très utiles (que je vous recommande d’ailleurs, n’hésitez pas à me contacter pour plus d’informations).

La capacité de traduire présuppose une connaissance poussée des langues de départ et d’arrivée, avant tout dans leur forme écrite.

Dans le livre « La traduction. La compre
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Bonjour Milena,

Bienvenue dans le monde de la traduction.

Pour vous fournir quelques éléments de réponse, je vais surtout m’appuyer sur deux ouvrages très utiles (que je vous recommande d’ailleurs, n’hésitez pas à me contacter pour plus d’informations).

La capacité de traduire présuppose une connaissance poussée des langues de départ et d’arrivée, avant tout dans leur forme écrite.

Dans le livre « La traduction. La comprendre, l’apprendre » de Daniel Gile, l’auteur identifie cinq éléments de base de la compétence traductionnelle dans un contexte professionnel :

– Une compréhension suffisante de la langue de départ sous sa forme écrite
– Des connaissances extralinguistiques générales (la culture générale) ou spécialisées
– Une bonne capacité rédactionnelle en langue d’arrivée
– Une maîtrise des principes et de la démarche du traducteur
– Une connaissance des aspects pratiques et commerciaux du métier


Dans « Terminologie de la traduction/Translation terminology » (Jean Delisle, Hannelore Lee-Jahnke, Monique C. Cormier), voici comment est définit le terme « processus de la traduction » :

Opération intellectuelle par laquelle le traducteur établit des équivalences interlinguistiques. Note : Lors de cette opération complexe, le traducteur procède, de manière plus ou moins consciente et ordonnée, à l’interprétation et à l’analyse des particularités du texte de départ, à l’application de procédés de traduction, à la dissociation des langues en présence, à l’exploration des ressources de la langue d’arrivée, au choix des moyens de réexpression et à la vérification de la pertinence des équivalences retenues.

Si la traduction nécessite une connaissance passive de la langue de départ sous sa forme écrite, elle mobilise très activement, au stade de la réexpression, les capacités de rédaction du traducteur dans la langue d’arrivée.

« Le traducteur est lui-même rédacteur. Traduire, c’est non seulement comprendre le texte de départ de manière à pouvoir choisir des mots correspondants en langue d’arrivée, mais aussi rédiger en langue d’arrivée un texte qui remplisse le rôle qui lui est affecté, c’est-à-dire, s’agissant d’un texte à vocation informative, informer, expliquer ou convaincre ses lecteurs dans les meilleures conditions. Rédiger un texte de qualité exige un certain sens de la langue et de l’expression écrite, comme on le reconnaît dans le journalisme, chez les éditeurs et dans d’autres milieux où la rédaction est centrale. Dans la traduction, contrairement à ce que l’on pourrait penser, on ne peut se reposer sur les choix rédactionnels de l’auteur du texte de départ pour réaliser un texte d’arrivée optimal. » (Daniel Gile)

Milena Taddei wrote:

[…]

Lors d'un échange avec une traductrice que j'ai contactée pour avoir plus de renseignements sur le métier de traducteur, j'ai appris que normalement la langue cible est toujours sa langue maternelle. À votre avis peut-il y avoir des exceptions à cette règle ?


Oui. Je dirais qu’on a tendance à trouver des exceptions dans les combinaisons de langues plutôt rares, où les locuteurs natifs se permettent de traduire dans les deux sens (ou dans le sens inverse, vers une langue plus courante, tel que l’anglais). En outre, certains domaines techniques reposent avant tout sur des connaissances spécialisées et l’emploi d’une terminologie et d’une phraséologie idoines. Mais en général, il convient de traduire vers la langue que l’on maîtrise le mieux.

Pour revenir à la « Terminologie de la traduction », voici la première définition du terme « langue dominante » :

Langue qu’un locuteur bilingue ou multilingue connaît le mieux et dans laquelle il est le plus à l’aise pour s’exprimer oralement ou par écrit.
Note 1. – La langue dominante ne correspond pas toujours à la langue maternelle d’un locuteur. Des immigrants, par exemple, apprennent souvent la principale langue en usage dans leur pays d’accueil et en arrivent à ne plus pouvoir s’exprimer dans leur langue maternelle, la première langue qu’ils ont apprise.
Note 2. – Les traducteurs professionnels traduisent généralement et de préférence dans leur langue dominante.


Dans le Code de déontologie général des adhérents de la SFT (Société française des traducteurs), il est entre autres indiqué :

Le traducteur veille à toujours réunir les conditions lui permettant de réaliser un travail de qualité. Il s’engage à travailler dans les règles de l’art, à savoir :

I. traduire uniquement vers sa langue maternelle ou une langue cultivée, maniée avec précision et aisance ;
II. disposer des connaissances et des compétences requises dans le domaine de spécialité de la mission ;
III. se documenter en vue d’une parfaite compréhension et restitution des documents à traduire ;
IV. entretenir et développer ses connaissances et ses compétences professionnelles en se formant de manière permanente ;
V. refuser des délais incompatibles avec la mission confiée.


La définition ci-dessus et l'extrait du code de déontologie de la SFT devraient vous permettre de nuancer quelque peu les propos de la collègue.

L’italien est certes votre langue maternelle, mais est-il votre langue dominante ? Le français n’est pas votre langue maternelle, mais est-il une langue cultivée, maniée avec précision et aisance ?

En fonction de vos réponses, et si vous pensez être en mesure de réaliser un travail de qualité en français, le choix vous revient entièrement.

Il y a quelques années, lors de ma propre reconversion, moi aussi, j’ai dû faire un tel choix.

Quel que soit le vôtre, je vous conseille, pour des raisons pratiques et de crédibilité auprès de vos clients, de ne vous en tenir qu’à une seule langue cible.

Jean

[Edited at 2021-07-01 07:04 GMT]
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P.L.F. Persio
Maria Teresa Borges de Almeida
 
LIZ LI
LIZ LI  Identity Verified
China
Local time: 04:09
French to Chinese
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Tout simplement Jul 1, 2021

Milena Taddei wrote:

Lors d'un échange avec une traductrice que j'ai contactée pour avoir plus de renseignements sur le métier de traducteur, j'ai appris que normalement la langue cible est toujours sa langue maternelle. À votre avis peut-il y avoir des exceptions à cette règle ?



Parce qu'une grande majorité d'agences l'imposent aux traducteurs/trices.

[Edited at 2021-07-01 04:21 GMT]


Robert Forstag
Elena Feriani
Nikki Scott-Despaigne
 
Christine Andersen
Christine Andersen  Identity Verified
Denmark
Local time: 22:09
Member (2003)
Danish to English
+ ...
La langue d’arrivée, c'est la langue, que vous écrivez parfaitement Jul 1, 2021

Comme vous, j'ai une langue maternelle (l'anglais) et une langue de vie, une langue de coeur, que je parles avec mon fils, ma famille et mes amis.
J'habite au Danemark depuis plus de quarante ans, mais je ne traduis pas en danois.

(Et pardonnez moi, je n'écrive francais depuis plus de vingt ans...)

Le danois est une langue assez rare. Tous les Danois comprendent l'anglais, on l'entend partout. Je connais des traducteurs Danois, qui peuvent traduire en anglais, ma
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Comme vous, j'ai une langue maternelle (l'anglais) et une langue de vie, une langue de coeur, que je parles avec mon fils, ma famille et mes amis.
J'habite au Danemark depuis plus de quarante ans, mais je ne traduis pas en danois.

(Et pardonnez moi, je n'écrive francais depuis plus de vingt ans...)

Le danois est une langue assez rare. Tous les Danois comprendent l'anglais, on l'entend partout. Je connais des traducteurs Danois, qui peuvent traduire en anglais, mais la plupart préferent leur langue maternelle. Les autres ont habité longtemps en Angleterre.

What I am saying is that it is not impossible to translate into a language that is not your native language, but even after 40 years, I do not do it myself. My Danish is still not up to professional standards, even though it is fine for everyday purposes, and I write as well as many natives.

Best of luck!
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P.L.F. Persio
Claire Bourneton-Gerlach
Nikki Scott-Despaigne
 
Jean Dimitriadis
Jean Dimitriadis  Identity Verified
English to French
+ ...
French Jul 1, 2021

Sorry, I did not see this was outside the French forum. Should it be moved there?

Milena Taddei (X)
 
Jean Dimitriadis
Jean Dimitriadis  Identity Verified
English to French
+ ...
Forum francophone Jul 4, 2021

C'est bien, le fil a été déplacé vers le forum francophone.

 
Milena Taddei (X)
Milena Taddei (X)
France
Local time: 22:09
French to Italian
+ ...
TOPIC STARTER
Merci Jul 5, 2021

Bonjour Jean,

je vous remercie pour votre message riche en informations. Je m'excuse de ne pas avoir publié mon post dans le bon domaine du forum... Je n'étais pas au courant qu'il y avait une partie dédiée au français...

Je poursuis ma réflexion et je me demande à présent comment obtenir des informations sur le marché du travail pour la combinaison français-> italien et anglais-> italien. Où trouver ce genre de données ?

Vous avez mentionné v
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Bonjour Jean,

je vous remercie pour votre message riche en informations. Je m'excuse de ne pas avoir publié mon post dans le bon domaine du forum... Je n'étais pas au courant qu'il y avait une partie dédiée au français...

Je poursuis ma réflexion et je me demande à présent comment obtenir des informations sur le marché du travail pour la combinaison français-> italien et anglais-> italien. Où trouver ce genre de données ?

Vous avez mentionné votre propre reconversion. Quelle formation avez vous entreprise pour devenir traducteur ?

Merci,
Milena



Jean Dimitriadis wrote:

Bonjour Milena,

Bienvenue dans le monde de la traduction.

Pour vous fournir quelques éléments de réponse, je vais surtout m’appuyer sur deux ouvrages très utiles (que je vous recommande d’ailleurs, n’hésitez pas à me contacter pour plus d’informations).

La capacité de traduire présuppose une connaissance poussée des langues de départ et d’arrivée, avant tout dans leur forme écrite.

Dans le livre « La traduction. La comprendre, l’apprendre » de Daniel Gile, l’auteur identifie cinq éléments de base de la compétence traductionnelle dans un contexte professionnel :

– Une compréhension suffisante de la langue de départ sous sa forme écrite
– Des connaissances extralinguistiques générales (la culture générale) ou spécialisées
– Une bonne capacité rédactionnelle en langue d’arrivée
– Une maîtrise des principes et de la démarche du traducteur
– Une connaissance des aspects pratiques et commerciaux du métier


Dans « Terminologie de la traduction/Translation terminology » (Jean Delisle, Hannelore Lee-Jahnke, Monique C. Cormier), voici comment est définit le terme « processus de la traduction » :

Opération intellectuelle par laquelle le traducteur établit des équivalences interlinguistiques. Note : Lors de cette opération complexe, le traducteur procède, de manière plus ou moins consciente et ordonnée, à l’interprétation et à l’analyse des particularités du texte de départ, à l’application de procédés de traduction, à la dissociation des langues en présence, à l’exploration des ressources de la langue d’arrivée, au choix des moyens de réexpression et à la vérification de la pertinence des équivalences retenues.

Si la traduction nécessite une connaissance passive de la langue de départ sous sa forme écrite, elle mobilise très activement, au stade de la réexpression, les capacités de rédaction du traducteur dans la langue d’arrivée.

« Le traducteur est lui-même rédacteur. Traduire, c’est non seulement comprendre le texte de départ de manière à pouvoir choisir des mots correspondants en langue d’arrivée, mais aussi rédiger en langue d’arrivée un texte qui remplisse le rôle qui lui est affecté, c’est-à-dire, s’agissant d’un texte à vocation informative, informer, expliquer ou convaincre ses lecteurs dans les meilleures conditions. Rédiger un texte de qualité exige un certain sens de la langue et de l’expression écrite, comme on le reconnaît dans le journalisme, chez les éditeurs et dans d’autres milieux où la rédaction est centrale. Dans la traduction, contrairement à ce que l’on pourrait penser, on ne peut se reposer sur les choix rédactionnels de l’auteur du texte de départ pour réaliser un texte d’arrivée optimal. » (Daniel Gile)

Milena Taddei wrote:

[…]

Lors d'un échange avec une traductrice que j'ai contactée pour avoir plus de renseignements sur le métier de traducteur, j'ai appris que normalement la langue cible est toujours sa langue maternelle. À votre avis peut-il y avoir des exceptions à cette règle ?


Oui. Je dirais qu’on a tendance à trouver des exceptions dans les combinaisons de langues plutôt rares, où les locuteurs natifs se permettent de traduire dans les deux sens (ou dans le sens inverse, vers une langue plus courante, tel que l’anglais). En outre, certains domaines techniques reposent avant tout sur des connaissances spécialisées et l’emploi d’une terminologie et d’une phraséologie idoines. Mais en général, il convient de traduire vers la langue que l’on maîtrise le mieux.

Pour revenir à la « Terminologie de la traduction », voici la première définition du terme « langue dominante » :

Langue qu’un locuteur bilingue ou multilingue connaît le mieux et dans laquelle il est le plus à l’aise pour s’exprimer oralement ou par écrit.
Note 1. – La langue dominante ne correspond pas toujours à la langue maternelle d’un locuteur. Des immigrants, par exemple, apprennent souvent la principale langue en usage dans leur pays d’accueil et en arrivent à ne plus pouvoir s’exprimer dans leur langue maternelle, la première langue qu’ils ont apprise.
Note 2. – Les traducteurs professionnels traduisent généralement et de préférence dans leur langue dominante.


Dans le Code de déontologie général des adhérents de la SFT (Société française des traducteurs), il est entre autres indiqué :

Le traducteur veille à toujours réunir les conditions lui permettant de réaliser un travail de qualité. Il s’engage à travailler dans les règles de l’art, à savoir :

I. traduire uniquement vers sa langue maternelle ou une langue cultivée, maniée avec précision et aisance ;
II. disposer des connaissances et des compétences requises dans le domaine de spécialité de la mission ;
III. se documenter en vue d’une parfaite compréhension et restitution des documents à traduire ;
IV. entretenir et développer ses connaissances et ses compétences professionnelles en se formant de manière permanente ;
V. refuser des délais incompatibles avec la mission confiée.


La définition ci-dessus et l'extrait du code de déontologie de la SFT devraient vous permettre de nuancer quelque peu les propos de la collègue.

L’italien est certes votre langue maternelle, mais est-il votre langue dominante ? Le français n’est pas votre langue maternelle, mais est-il une langue cultivée, maniée avec précision et aisance ?

En fonction de vos réponses, et si vous pensez être en mesure de réaliser un travail de qualité en français, le choix vous revient entièrement.

Il y a quelques années, lors de ma propre reconversion, moi aussi, j’ai dû faire un tel choix.

Quel que soit le vôtre, je vous conseille, pour des raisons pratiques et de crédibilité auprès de vos clients, de ne vous en tenir qu’à une seule langue cible.

Jean

[Edited at 2021-07-01 07:04 GMT]
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Jean Dimitriadis
Jean Dimitriadis  Identity Verified
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Formation autodidacte Jul 6, 2021

Pour vous faire une idée de la concurrence, vous pouvez rechercher des traducteurs dans vos langues sur ProZ Find : https://www.proz.com/find

Pour ma propre reconversion, je me suis formé en autodidacte, mais c’est un choix qui ne convient pas à tout le monde.

Quelle que soit la formule choisie, il faut y mettre le temps et les moyens nécessaires.

Vous recevrez peut
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Pour vous faire une idée de la concurrence, vous pouvez rechercher des traducteurs dans vos langues sur ProZ Find : https://www.proz.com/find

Pour ma propre reconversion, je me suis formé en autodidacte, mais c’est un choix qui ne convient pas à tout le monde.

Quelle que soit la formule choisie, il faut y mettre le temps et les moyens nécessaires.

Vous recevrez peut-être plus de témoignages en créant un nouveau fil (en anglais, en français ou en italien) puisque le sujet de discussion a changé.

Bien cordialement,

Jean
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Milena Taddei (X)
 


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