Jacek Krankowski (X) English to Polish + ...
Considering the following from Walter Benjamin, \"The Task of the Translator,\" Illuminations (New York: Schocken, 1969) which was posted to the Polish Forum:
\"The basic error of the translator is that he preserves the state in which his own language happens to be instead of allowing his language to be powerfully affected by the foreign tongue. Particularly when translating from a language very remote from his own he must go back to the primal ... See more Considering the following from Walter Benjamin, \"The Task of the Translator,\" Illuminations (New York: Schocken, 1969) which was posted to the Polish Forum:
\"The basic error of the translator is that he preserves the state in which his own language happens to be instead of allowing his language to be powerfully affected by the foreign tongue. Particularly when translating from a language very remote from his own he must go back to the primal elements of language itself and penetrate to the point where work, image, and tone converge. He must expand and deepen his language by means of the foreign language.\" http://www.uwo.ca/modlang/ailc/old32/current/Lock.htm
And considering also the following quote in the Linguistics Forum: \' \"It is important to distinguish what is metaphorical from what is not. Pain, dismemberment, death, starvation, and the death and injury of loved ones are not metaphorical.\" Acts based on a metaphor will mirror the metaphor. Warring words will become warring deeds.\' I would like to share with you two Polish poems in French translation which, I hope, will take us back for a minute or two to those primal elements of language, regardless of the historical and geographical realities in which the poems were written. It would be interesting for me to hear perhaps from native speakers how Szymborska came across in this particular French translation compared to her English translations in adjacent threads(without necessarily looking at the original...). The fragments between *asterisks* are supposed to be in italics.
LE CAMPS DE LA FAIM SOUS JASLO
Ecris-le. Ecris. Avec de l\'encre normale sur une simple feuille de papier: on ne leur a pas donné à manger, ils sont tous morts de faim. *Tous. Combien? C\'est une grande prairie. Combien d\'herbe il y avait par personne?* Ecris: je ne sais pas. L\'histoire arrondit les squelettes au zero inférieur. Mille un, cela fait encore mille. Cet un, c\'est comme s\'il n\'existait pas du tout: un embryon imaginaire, un berceau vide, un abécédaire ouvert pour personne, de l\'air qui rit, qui crie, et qui grandit, l\'escalier pour un vide descendant en courant vers le jardin la place de personne dans un rang.
Bous sommes sur cette prairie où ça s\'est passé. Et la prairie se tait comme un témoin acheté. Ensoleillée. Verte. Là à côté une forêt pour mâcher les racines, pour boire par-dessous l\'écorce - une dose de vue pour la journée, jusqu\'à ce qu\'on devienne aveugle. En haut un oiseau qui passe par le lèvres avec l\'ombre des ailes nutritives. Les mâchoires s\'ouvraient, les dents s\'entrechoquaient.
La nuit la faucille brillait dans le ciel et fauchait pour des pains rêvés. Les mains dec icônes noircies volaient avec des verres vides dans les doigts. Sur la broche des barbelés un homme vacillait. On chantait avec de la terre dans la bouche. *Un chant très joli disant que la guerre frappe droit au coeur.* Ecris, quel silence ici. Oui.
Par Wislawa Szymborska, 1962 (Prix Nobel 1996) (Jacques Donguy, Michel Maslowski, Poésie polonaise contemporaine)
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NON
Ce mot seul, \"non\", ce mot par lequel au plus obscur de moi-même, de mon sang et de mes os, je sais transmettre la valise des os brisés et du sang répandu, ce mot qui est inconsciemment une oeuvre de souffrance (tous droits réservés/fusillés), dont les copies tachées de sang, sont arrachées des os avec le fouet des caractères d\'imprimerie, dont les feuillets sont transpercés avec le fil des coups de feu, tu peux tous les jours le soulever du trottoir avec ton regard fatigué, le relire avec l\'impuissance de tes mains; ce mot seul, \"non\", le mot ultime dans le domaine du sang - tu vas le connaître tout de suite à travers l\'orifice des canons de fusils tirant un essaim de balles;
ce mot seul, \"non\", garde-le dans le sang qui coule goutte à goutte le long du mur à l\'aube; je te donne ce mot, et c\'est comme si je donnais ma tête pour prouver que la souffrance existe, comme si je donnais ma gorge pour défendre la cause des veines, des tendons, des muscles et de la peau; je t\'épèle les lettres du mot souffrance, et avec les nerfs tordus je lis les mots inscrits hâtivement sur ceux qui sont toujours prêts à ouvrir la lettre du corps d\'autrui, à couper l\'envelope de la peau et à casser le chiffre des os; ce seul mot \"non\", le cri ultime de la prière du sang, que je recite aujourd\'hui pour toi, que je me recite et qui me donne le droit de mourir.
Par Stanislaw Baranczak, 1970 (professeur de littérature polonaise à Harvard) (Jacques Donguy, Michel Maslowski, Poésie polonaise contemporaine)
(Sorry for a few typos I overlooked last night)
[ This Message was edited by:on2003-02-07 09:57] ▲ Collapse | | |